- LAURENTIENNE (RÉGION)
- LAURENTIENNE (RÉGION)LAURENTIENNE RÉGIONL’ensemble de terres basses qui va s’élargissant depuis l’estuaire du Saint-Laurent jusqu’à la plaine de Montréal constitue la région laurentienne. Lieu privilégié de l’établissement français au Nouveau Monde et berceau d’une civilisation rurale, base économique de l’État québécois et prolongement septentrional des concentrations industrielles et urbaines des Grands Lacs et de la Nouvelle-Angleterre, cette région présente le caractère spécifique d’un pays francophone d’économie nord-américaine. Du fait de sa relative autonomie culturelle, elle possède des traits originaux qu’il importe de faire ressortir; mais le paysage laurentien est bien un paysage nord-américain où se posent, dans toute leur acuité, les grands problèmes de la civilisation urbaine du Nouveau Monde.Des siècles qui ont précédé l’avènement de la Confédération canadienne (1867), l’histoire se souvient surtout de la victoire de James Wolfe (1759) qui faisait passer la colonie française du Saint-Laurent sous l’autorité britannique; la géographie en retient l’idée d’une continuité liée à la permanence d’une organisation sociale et territoriale. En effet, la guerre de conquête est, d’abord, un événement européen; et, c’est là sans doute le paradoxe du développement québécois, qu’elle n’ait eu de véritables conséquences régionales qu’après 1830, lorsque les densités de population rurale et les perspectives de l’industrialisation ont posé le problème des liaisons de la région laurentienne avec d’autres régions. Montréal et Québec, peuplées d’environ 50 000 habitants en 1760, en comptent un demi-million en 1850, tous descendants de la dizaine de milliers d’immigrants que l’entreprise française y avait amenés.Homogène par sa population, homogène encore par sa structure agraire, la région laurentienne offrait, au milieu du XIXe siècle, le spectacle d’une «région naturelle» idéalement simple. Lorsque prend forme, en 1867, le système confédératif canadien, une ère nouvelle débute pour la région; la fonction spécifique de la plaine laurentienne apparaît vite comme étant celle de la production de biens de consommation, tandis que la région ontarienne des Grands Lacs, plus tard peuplée mais plus tôt industrialisée, s’impose comme productrice de biens d’équipement. En effet, bien que sa position maritime, renforcée encore par les travaux de canalisation du Saint-Laurent, lui vaille des activités obligatoires et importantes au chapitre des transports, c’est à sa population, à sa main-d’œuvre abondante et peu exigeante que la région laurentienne doit son industrie et non pas, comme on le croit parfois, à son fleuve.Le pays, proche du Québec, le plus précocement habité et le plus maritime, a connu des densités rurales relativement élevées et un folklore remarquable, encore vivant; après avoir été, au XVIIIe siècle, le grenier de la Nouvelle-France, il prend l’allure d’une sorte de réserve culturelle et démographique. Peu industrialisé, il échappe à l’influence anglo-saxonne, et la ville de Québec, relais commercial de Montréal, est d’abord et surtout la capitale politique et administrative d’un État provincial. Pourvue bien avant Montréal d’un archevêché catholique et d’une université francophone, elle joue dans la vie québécoise un rôle qui dépasse de beaucoup l’importance de son économie.La contrée montréalaise présente des caractères fort différents. Le pays proche de Montréal a été initialement un pays terrien, il est teinté d’influences anglo-saxonnes. Dès le début du XIXe siècle, il est le pays le plus peuplé et le plus riche de la région laurentienne, ce qui, plus tard, lui vaudra une industrialisation massive. Car autour de Montréal s’est dessinée une véritable zone métropolitaine.Les aménagements modernes dont elle a bénéficié (autoroutes la reliant à New York, à Toronto, à Québec, aéroport international de Sainte-Scholastique) n’ont fait que la confirmer dans ses fonctions depuis longtemps assumées. Toutefois, la région montréalaise est concurrencée dans l’espace économique canadien par la région torontoise, plus urbanisée, plus centrale et culturellement très proche des régions américaines voisines.La région de Toronto est devenue le site préféré des implantations industrielles nouvelles (et cela même dans les types d’activités où, traditionnellement, Montréal dominait), tant il est vrai que l’innovation technique et l’organisation des circuits commerciaux commandent l’expansion économique.
Encyclopédie Universelle. 2012.